Condemned 2 : la vérité est ailleurs…Véritable claque malheureusement éclipsé du grand public dans le line-up de la Xbox 360, Condemned : Criminal Origins avait été une sacrée performance d’ambiance angoissante et de violence de la part de Monolith Production (F.E.A.R.). Une fois n’est pas coutume dans ce monde vidéoludique, le buzz autour de ce jeu de qualité a été fait bien après sa sortie, heureusement, ce qui a pu profiter à Monolith de continuer d’exploiter les aventures d’Ethan Thomas… Mais était-ce vraiment prévu ?

Suite directe…

Condemned 2 est carrément la suite directe de Criminal Origins, sortie en 2005 sur Xbox 360, puis en 2006 sur PC. On va donc rappeler (et c’est nécessaire pour appuyer la suite de l’article) ce qu’il s’est passé précédemment. Si vous n’avez pas fait le 1er jeu, allez au paragraphe suivant.

Agent du FBI réputé pour son efficacité, l’agent Ethan Thomas est sur la piste d’un énième tueur en série assez taré quand l’homme se fait embarquer dans une histoire de machination où il est accusé du meurtre de ses deux collègues qui l’accompagnait sur le dernier lieu du crime. Tout ça après une altercation contre le serial killer.
Le lendemain, notre homme est réveillé en fanfare par un homme qui se dit l’ami proche des parents de l’agent : Malcolm Vanhorn. Il lui explique qu’il va falloir prouver son innocence en choppant celui qui veut faire accuser Thomas, comme par hasard, notre serial killer mate notre héros et va s’ensuivre pendant une bonne partie du jeu une course-poursuite infernal dans les rues pourris de la ville. Tout ça pour finir par apprendre que le SKX (surnom du Serial Killer) est très intéressé par Ethan en tuant de toutes les façons qu’Ethan a découvert au cours de sa carrière. Thriller au début, et ça finira par découvrir que c’est le neveu de Vanhorn qui est le terrible tueur, mais possédé par le démon… Le joueur devra même combattre ces formes maléfiques pour finir par buter le neveu, planqué par son oncle dans sa voiture à la toute fin du soft…
Et on termine sur Ethan qui, selon Vanhorn, a été « infecté » par cette malédiction en voyant le mal partout où il est… Le joueur finit son soft sur une scène où Ethan se voit en monstre.

Voilà, comment se passe le 1er jeu. Désormais, Ethan dont la vie a été ruiné puisque trop occupé à devenir parano à voir des démons partout finit par trouver un remède : boire comme un trou et devenir clochard…
Mais voilà le FBI le retrouve pour les aider à trouver le corps de Malcolm Vanhorn, son ami, dont un enregistrement inquiétant a été reçu au FBI. L’agent Thomas se retrouve bien malgré lui à replonger dans une histoire infernale qui n’était finalement pas terminé.

Plus glauque, donc plus beau

Avec Condemned 2, Monolith décide de taper fort dans la peur. Si le 1er volet y allait crescendo, le deuxième démarre sur les chapeaux de roue avec des monstres démoniaques à éliminer fissa.
Visuellement, le jeu est extrêmement obscure, c’est d’ailleurs le point d’orgue de son ambiance, puisqu’avant de joueur, on proposera au joueur de régler la luminosité du jeu (du jeu, pas votre écran). Jeu sombre, muni de plus belles textures qu’à l’époque qui nous dévoile de la rouille, du dégueuli, du sang évidemment, de la saleté, de la poussière, et une texture noire fluide, qui dégouline des murs selon les niveaux, assez répugnante (comme l’huile noire dans X-files mais par hectolitres…). De ce côté, le jeu assure. Même si on sent que techniquement il y a quelques facilités prises avec quelques blocs simples texturés grossièrement sur le sol, le travail d’obscurité et de lumière impose une oppression le long du jeu, jusqu’à même ne plus rien voir vers la fin du jeu mais bourré de bruits inquiétant.

Les bruitages sont aussi un point excellemment bien réussis puisque si l’on ne voit rien mais que l’on entend des bruits de pas, des hurlements, des craquements humides réguliers, tout ça nous fout sur les nerfs d’une puissance assez élevée. Le jeu n’est pas muni de musique durant le jeu, amplifiant alors les nombreux bruitages suspects, qui vont susciter l’imagination du joueur, mais où même un simple grésillement de télé va taper sur le système.
Evidemment muni de cinématiques, nous avons droit à un doublage anglais de qualité qui donne la personnalité juste aux persos, tout comme une justesse de ton qui à droit à beau RAS.

Plus violent donc plus… Violent


La particularité première de Condemned a été conservé. C’est à dire son gameplay qui se repose uniquement sur la survie et l’instant. Ethan devra donc manier ses poings, et tout ce qui peut servir d’arme à chopper sur place : barre de fer, canalisation, pelle, clé anglaise, brique, bras artificiel, poupée en plastique laissant que très peu de place aux armes à feu, même si ces dernières sont plus présentes qu’avant mais uniquement à certains moments clés de l’histoire.
Mais histoire de faire chier, il faut savoir qu’Ethan est devenu alcoolique donc bon sa visée tremblote un peu (beaucoup), renforçant encore cette idée de survie très stressante où l’on finira désespéré au point de se jeter sur les ennemis humains pour leur arracher leur arme… Ou pas, c’est selon.

Mais le gameplay devient un peu plus fouillé qu’avant et moins rigide. Désormais, Ethan jouit de plusieurs combos peu évident à placer. S’il alterne poing gauche, poing droit (ou vice-versa, L1/R1), il aura un petit lap de temps pour nous sortir un upercu en appuyant une troisième fois. Idem pour contre-attaquer, suite à un blocage mais, ce troisième coup sera impossible si vous vous faites toucher… Et étant donné que le soft est tout de même réaliste dans la gestuelle d’Ethan, vous avez peu de recul et vos ennemis (n’importe lesquels) sont quand même très résistants (évidemment à la fin ça devient un truc de cinglé), il devient donc coton de ne pas prendre de coups mais ça fait partie du jeu, vous donnez des coups rageants et vous en recevez aussi énormément… Vivant désormais dans la rue, notre ex-agent a dû mieux géré ses crochets… D’ailleurs, vous pouvez aussi soit faire des directs, plus rapides, mais aussi des crochets, plus lents mais plus puissants… Sans compter sur un coup de latte bien placé, Ethan s’est vu offrir une panoplie de coups assez bien développés et qui surtout témoignent d’une violence physique assez inouïe (pas besoin d’une guerilla et des litres de sang pour être violent, tout est dans la mise en scène, là c’est réussi).
Thomas garde aussi ses gros coups dévastateurs, où il faudra appuyer sur les boutons d’attaque au bon moment comme un mini QTE, vous verrez alors un Ethan briser des nuques, enfoncer des têtes dans téloches, tordre des bras, écraser la tête au sol, le joueur (à la 1ère personne en plus) se prend donc au jeu d’une violence qu’il effectue et ça en devient réellement malsain appuyant encore plus l’univers et les décors dégueux.

En plus de tout ça, le studio a décidé de faire upgradre le perso au fil des niveaux. Ainsi vous recevrez des nouvelles possibilités à chaque fin de chapitre en fonction de votre notation (or, argent, bronze) déterminé par votre capacité à assurer vos attaques, vos objectifs, missions facultatifs etc. Ainsi, ceux qui se plaignaient d’avoir le taser illimité dans le 1er jeu pour piquer les armes des adversaires peuvent se réjouir, car vous n’avez plus de taser par exemple… Il arrive avec une recharge limité à deux coups au milieu du soft… L’instinct de survie est réellement plus présent dans ce deuxième épisode. Ca en fait aussi un jeu plus difficile (mais réglable).

Toujours dirigiste quand même

Une critique assez unanime du 1er volet n’a pas été corrigé, certainement pour assumer leur choix. Le jeu est très dirigiste, vous n’avez qu’à suivre l’unique chemin présent. Of course, Monolith n’est pas un studio à deux balles et l’illusion d’immensité est omniprésent grâce à des chemins bloqués par des débris par exemple, où un jeu avec des niveaux surélevés pour augmenter un peu la taille du niveaux. Ca fonctionne vraiment bien et on a clairement l’impression de diversité (que ce soit au niveau du design que des tracés), tout ça agrémenté d’obstacles divers qui donne une sensation de difficulté à avancer, cette impression d’instinct de survie et de pénibilité est très forte… Alors couplé cette sensation avec la peur mais aussi l’incompréhension du scénario du genre « merde dans quoi je suis embarqué ?! », ça fait un sacré cocktail immersif…
Du coup, dirigiste, certes, mais maitrisé avec une bonne rythmique et un bon level-design.

Il y a toujours des parties enquêtes, car Thomas a quand même gardé son équipement d’enquêteur (d’ailleurs, pas très crédible pour le coup m’enfin on jouera l’aveugle) composé d’un GPS, d’une lampe UV, d’un spectomètre (qui mesure le volume sonore proche) et un appareil photo, et évidemment son PDA. Comme pour le 1er épisode, les enquêtes seront assez dirigistes, c’est à dire on vous dira toujours quand ça débute, quand ça se termine. Mais on a plus de choses. On ne se contentera plus de suivre les ordres du genre « utilisez telle appareil, etc etc ». On vous demandera de « montrer des preuves » à l’écran et aussi avec votre intermédiaire, Rose. Et ceci se traduira par un questionnaire à choix multiple. Exemple : « veuillez identifier la victime ». dans ce cas, appuyer sur L1 permettra de zoomer sur ce que ‘on voit pour mater les détails et ainsi en ressortir des questions. Exemple, je zoome sur le badge de la victime et on me demandera quel genre d ebadge c’est comme « Police », « FBI », « Agent de sécurité », etc. Vous répondez à la bonne réponse, puis vous passer à un autre zoom pour trouver le nombre d’indices demandés.
Capich ? Du coup, ça nous donne un peu plus de libertés, surtout que si on se plante.. Bah on se plante on n’a pas de Game Over, tant pis mais on perdra quelques détails sur l’aventure et vous serez moins bien noté à la fin de la mission. Vos instruments sont aussi libres d’être utilisés… mais bon, si vous tournez en rond, un tuto vous rappelez d’utiliser le bon outil histoire de ne pas casser le rythme du jeu. Encore une fois, ça démontre que même si les parties enquêtes sont très simples, elles permettent de se reposer et dynamiser l’aventure, sans pour autant le casser. C’est tout de même une bonne chose, dans le fond.

Un scénario intéressant mais qui part bien en couilles

Si plus haut, on pose la question s’il était prévu d’avoir une suite, c’est parce que le scénario de Condemned 2 s’éloigne beaucoup du 1er. En effet, la puissance de Criminal Origins, c’était de nous insuffler une peur irrationnel à cause d’ennemis majoritairement humains… On ne tombait pas dans le classique « j’ai peur, y a des monstres ». On était dans un thriller très glauque mais humain, voir crédible… Pour ensuite finir sur une pointe d’horreur incompréhensible nous faisant douter des capacités mentaux d’Ethan…
Ici, c’est l’inverse, on reprend où le héros en était : à voir des monstres affreux et on démarre ensuite à tuer des monstres… Mais on finira par avoir une explication rationnelle à tout ce bordel !
C’est un peu le chemin inverse quoi… On finissait sur une note diabolique indescriptible que l’on jugeait surtout symbolique surtout grâce au sous-titre Criminal Origins et finalement là on termine avec quelque chose de totalement surnaturel mais provoqué et rationalisé…

Disons que le joueur qui a percuté ce côté thriller crédible mais qui termine douteux au 1er volet, pourra être perturbé par cet épisode qui abandonne le côté thriller policier pour un univers d’horreur… Qui finit sur un thriller fantastique… Tout ça est un peu paradoxal et on comprendra surtout que les ponts avec le volet précédent sont un peu tirés par les cheveux.
Cependant, le scénario reste très intéressant et on voit que Condemned 2 est voué à évoluer dans un univers de plus en plus pessimiste (le ville se transforme en vrai carnage dès le début du jeu, très « apocalypse urbain ») et voir de plus en plus mystique…
Et tout ça, est intéressant avec Ethan en pivot qui évolue de la même manière : agent tout pimpant pas très charismatique et qui finit par réveiller des pulsions meurtrières assez fortes et finit même dingue au premier abord… Pour ensuite évoluer vers autre chose que vous découvrirez. En tout cas, les fanas de conspirations devraient être régalés car des conspirations qui mette un pays à feu et à sang, on en voit rarement hein. Ajoutons à cela des rebondissements assez terrifiants avec un vrai travail de dualité qui se crée entre qui et qui (vous le saurez en jouant) on se dit que Condemned prend de l’ampleur…
A un point que cette fois, il est clair qu’un troisième volet est prévu ! Car vous finirez le soft avec 5% d’explications, dont 3% vaseuses ou incomplètes… Obligé d’en savoir plus.
Maintenant, attention à miser beaucoup sur le scénario… Sera t-on capable de garder le même gameplay, très malsain certes mais pas forcément très poussé pendant x volets pour dévoiler le mystère qu’entoure Ethan Thomas ? Pas si sûr… Mais restons dans le présent : Condemned 2 poursuit l’aventure d’une façon assez étonnante mais réussie tant dans le fond que dans la forme.

Condemned 2 réussit sa suite en se voyant offrir un gameplay plus riche en gestes et en sensations, un scénario qui devient réellement alambiqué même s’il semble un peu brouillon sur certains points, on y voit aussi un travail sur la peur vraiment percutant qui oscille entre stess et sursauts. On notera que le jeu en mode solo pour des raisons de conception. Effectivement, Condemned 2 est une expérience et une histoire solo, son mode multi est anecdotique et n’est que là juste pour se mettre à niveau avec les autres FPS… On ne blâmera pas Monolith pour ça puisque son travail original est réussi, le reste n’est que bonus que le joueur sera libre d’apprécier ou pas, rallongeant alors une durée de vie tout de même bien longue si on se prend au jeu des challenges proposés.
Verdict
+ Les plus- Les moins+ Un univers poisseux et pessimiste original
+ La peur à chaque pas effectué
+ Violence de jeu malsaine
+ Scénario qui prend de l’ampleur
+ Gameplay offensif plus fouillé
+ Graphiquement très propre et remplit son rôle : inquiéter
+ Bande son servant l’ambiance à souhait
+ Durée de vie extensible en fonction du joueur- Scénario n’accrochera peut être pas les 1ers joueurs de la série
– Quelques lenteurs de sous-titrage
– Condemned 3 indispensable pour ne pas finir en queue de poisson
– Changer de calbute toutes les 10mn

Le mot de la fin

FPS original, Condemned 2 l’est. Enfin, pas tout à fait original puisque c’est une suite, mais il poursuit l’aventure avec brio d’une façon certes inattendue mais crédible. C’est aussi un FPS qui provoque des sensations uniques qui sont de la peur brute ou d’un côté malsain lié à la violence du titre (et encore, les développeurs ont avoué s’être auto-censurés pour anticiper la décision de l’ESRB)… Tout ça, sert un univers glauque, pessimiste qui est voué à se dégrader encore plus avec Condemned 3 dont on attendra l’annonce. Mais avant, Monolith va s’attaquer à une autre suite : celle de F.E.A.R. et son Project Origin.