Shin Megami Tensei : Lucifer’s CallUne saga de plus en France Née sur Super Nintendo, la saga Shin Megami Tensei n’avait pour autant jamais passé les frontières de l’Europe, comme nombre de RPG. Pourtant, les éditeurs commencent doucement mais surement à comprendre que le vieux Continent regorge d’amateurs de jeux de rôle et c’est ainsi qu’Ubisoft a passé un accord avec le développeur japonais Atlus pour nous sortir ce 3ème opus. Quand le jeu est vendu au prix modique neuf de 45€, comment ne pas se jeter dessus. Vous doutez ? Je vais tout faire pour vous convaincre Détruire pour recréer L’histoire de SMT III commence de façon peu banale : alors que vous venez rendre visite à votre professeur malade dans un hopital avec des amis, vous assistez à la destruction du monde, ni plus ni moins. Après avoir été transformé en démon par un mystérieux jeune garçon et une tout aussi étrange vieille dame en noir, vous vous réveillez dans un Tokyo chaotique, où le ciel n’existe plus et le soleil est remplacé par le Kagatsushi, une étrange boule de lumière. Pire encore : les humains n’existent plus et seuls les démons semblent coexister ici. Peu après, votre rôle dans cette histoire vous sera dévoilé : vous êtes le demi-Maudit qui doit recréer le monde. Comment le referez vous ? Ce sont vos actions qui le décideront. Le scénario commence donc d’une manière peu banale, d’autant plus qu’il impose un jeu d’un type bien différent du « héroïc fantasy » traditionnel, l’ambiance étant plutôt apocalyptico-lyrique. Ici, le héros ne parle pas, mais pour SMT III, c’est pleinement justifié par le fait que c’est vous qui le façonnez à votre manière. Certes, on en perd un peu en densité de scénario, et il est parfois frustant de ne pas entendre notre personnage à certains moments du jeu, mais d’un côté, tout comme le monde que vous allez créer, c’est à vous de déterminer quel sera le tempérament de votre personnage. Aura-t-il de la compassion pour les faibles ou au contraire ne croira-t-il qu’en la loi du plus fort ? Préfèrera-t-il un monde de solitude ou vantera-t-il en le bien fondé de vivre ensemble ? C’est selon vos réponses à certaines questions qui vous seront posées que vous le déterminerez, d’autant plus que les argumentations des autres personnages dont la psychologie est très bien travaillée, paraissent parfois tout à fait légitimes. Ces moments sont d’ailleurs éprouvants pour le joueur qui se voit mis au pied du mur à chaque fois qu’on lui demande son avis, conscient que cela aura peut-être un grave impact sur le destin du monde/la fin du jeu. En effet, il existe au total 6 fins possibles dans le jeu ! D’ailleurs, amusez vous à répondre sincèrement pour découvrir le monde qui s’offrira à vous. Bon, c’est assez facile à prévoir, mais soyez honnêtes ! Un jour, je serais le meilleur dresseur ! Le gameplay de Shin Megami Tensei III est inspiré de Pokémon. Surprenant me direz vous ! Vous commencez seuls au début et vous devrez donc rapidement vous faire des alliés auprès des démons. En plein combat, discutez avec eux, négociez et répondez à une question finale. Si votre réponse est satisfaisante pour le démon, il se joindra à vous… Mais il peut très bien s’en aller avec tout l’argent que vous lui avez donné pour tenter de le convaincre ! C’est ainsi qu’une négociation réussie procure une certaine allégresse alors que vous mourrez d’envie de retrouver ce démon qui vous a pris vos perles et votre argent sans rien en retour. Les démons restants dans votre équipe peuvent être invoqués avec vous pour combattre (3 au total) mais chose pénible : ils n’évoluent pas très vite. A moins que vous ne soyez un forcené du level-up, vous pouvez alors les fusionner dans une Cathédrale des Ombres pour former des démons plus puissants, avec comme seule limite de ne créer que des démons moins forts que vous. Au fil du jeu, les monstres deviendront d’ailleurs de plus en plus charismatiques, passant de la bête touffe de poils avec une trompe à un tigre blanc géant par exemple. Mais malgré cela, Shin Megami Tensei reste tout de même relativement difficil : vous plongerez souvent dans des donjons longs où les combats sont nombreux et parfois ardus, avec des objets de soins qui fondent comme neige au soleil si vous n’êtes pas assez bien préparés et bientôt, vous aurez les yeux appeurés braqués sur la petite boussole en bas à gauche qui indique l’imminence d’un futur combat. Ces derniers ont d’ailleurs une dimension tactique qui déroutera les néophytes. Chaque camp (le votre et l’ennemi) joue l’un après l’autre, se voyant délivré un nombre d’actions possibles par tour. Tous le monde peut attaquer, lancer de la magie, fuir et même discuter avec l’ennemi, mais seul votre personnage est capable d’invoquer d’autres démons et de lancer des objets. Si vous frappez une faiblesse de l’ennemi, vous gagnerez une action en plus et à l’inverse, si votre attaque lui redonne de la vie, vos actions suivantes sont annulées et on passe tout de suite à celle de l’ennemi, ce qui peut s’avérer fatal. Autre important facteur à considérer, c’est le fait que si votre héros meurt, c’est le game over, même si le reste de votre équipe est frais et dispo. C’est ainsi que contre certains boss, vous devrez vous y reprendre à minimum 2 fois car votre ennemi aura une magie qui s’avère être le point faible de votre héros. Vous devrez alors changer vos caractéristiques en lui faisant ingérer hors combat une autre Magatama, sorte de petit insecte qui modifie les forces et les faiblesses du personnage tout en lui faisant apprendre de nouvelles techniques à chaque niveau. Là encore revient une décision cornélienne puisque vous serez mis au pied du mur : le nombre de sorts à apprendre étant limité, et il va falloir parfois faire un choix entre mettre la nouvelle magie à la place d’une ancienne ou ne rien changer, tout en sachant que ce qui a été perdu ne pourra être retrouvé. On aurait aimé d’ailleurs quelque chose de plus intéressant qu’un simple point à répartir entre les différentes compétences à chaque montée de niveau, d’autant plus que pour vos alliés, ce n’est pas vous qui choisissez. La forme de ce monde apocalyptique Passons maintenant aux graphismes. Savant mélange entre 3D traditionnel et cell shading, le monde de Shin Megami Tensei est cependant très vide et les lieux se ressemblent énormément. Même si l’on est pas dans un univers heroic fantasy mais apocalyptique, on aurait quand même aimé une plus grande variété de décors. Il reste que le character designer, l’artiste japonais Kazuma Kaneko, a fait un excellent travail en ce qui concerne la création des personnages et des démons. Pourtant, en ce qui concerne ces derniers, ils sont environ une centaine et si certains sont d’un goût douteux (l’homme à tête de lion avec un slip…), vous aurez parfois du mal à vous séparer d’autres, même si niveau puissance ils s’avèrent dépassés (Baihu le tigre Blanc T_T). Le tout est très bien rendu, rendant les personnages tous très inquiétants. En ce qui concerne le son, les personnages ne parlant pas, il faut se contenter des musiques qui sont certes moins marquantes que les compositions de Nobuo Uematsu, mais qui pour la plupart, renforcent à merveille l’ambiance inquiétante de Shin Megami Tensei : Lucifer’s Call. Et Dante ? Voilà donc un excellent RPG comme on en manque en Europe alors n’hésitons pas à saluer Ubi Soft qui, en plus de nous sortir à bas prix Shin Megami Tensei, a fait l’effort de le traduire intégralement en anglais, allemand et français, chose encore rare de nos jours. Enfin, la durée de vie s’avère tout à fait satisfaisante quand on sait que la quête principale vous prendra 40 heures de votre temps, mais comptez 20 heures de plus pour les quêtes annexes et beaucoup plus si vous voulez voir toutes les fins. On peut par contre regretter que Dante de Devil May Cry, guest star prêté par Capcom, n’ait un rôle que très secondaire puisque pour le voir plus que dans 2 courtes séquences, il faudra compléter une quête annexe assez laborieuse. Mais d’un côté, je ne pense pas que l’on achète ce jeu juste pour voir le fils de Sparda alors plus qu’un gros défaut, ce n’est que léger regret qui ne doit en aucun cas vous empêcher de vous jeter sur ce titre ! |
Verdict |
+ Les plus- Les moinsDes personnages charismatiques Un scénario inquiétant et passionnant Un gameplay tactique La possibilité de rallier et d’élever des démons Une ambiance… 6 fins possibles Une traduction intégrale en français ! Des décors souvent vides et répétitifs Le passage des niveaux trop simpliste La difficulté qui peut rébuter les néophytes Une sous-utilisation de Dante |
Le mot de la fin |
Pour une fois qu’un excellent RPG passe nos frontières et est intégralement traduit, pourquoi le rater ? |