Témoignage d’un héros…Sorti il y a déjà 9 mois, Crisis Core : Final Fantasy VII, le prélude du célèbre épisode PSX de 1997 arrive enfin chez nous, sur PSP. Tellement annoncé, adulé, retardé, le jeu qui était censé faire exploser la portable de Sony arrive avec un tel retard qu’on vous dira déjà que ce n’est absolument pas le « hit » de la console… Mais, les adorateurs de FF VII seront aux anges… Mais quels adorateurs ? Ceux de l’unique et original FF VII qui ne veulent pas qu’on touche à cette création avec des potentiels remakes de merde et des spin-off médiocres (DoC) ou des films d’animation pour ados de 13 ans (Advent Children) ? Ou bien ces derniers sont aussi inclus dans le lot ? Suspens…

Zack : le type qui ne ressemble pas à un héros

Zack… Zack, nous le connaissons avec un recul tellement énorme dans FF VII, qu’on ne sait finalement rien de lui… Pour Cloud, c’est l’ami précieux et le mentor respectueux. Quelle ne fût pas notre surprise de voir que le Zack, au début du jeu, n’est qu’un énième gringalet qui gémit comme une puce où son rêve est de « devenir un héros », mais avant, « être un SOLDAT 1ère classe »… Si le début de l’aventure reprend des codes shonen bien plus qu’exaspérant avec une « pose attitude » typique, avec un personnage qui vole et un côté mi-naïf, mi-provocateur qui rappelle un peu (beaucoup) Tidus de FF X, le Zack ne part pas avec une image très imposante…

Pour le coup, le début de l’aventure fait peur… Heureusement, notre futur héros va vite déchanter sur le système de son entreprise : la Shinra. Dès le début du jeu, on apprend qu’un SOLDAT de 1ère classe s’en est allé du service militaire de la Shinra en prenant avec lui tout une armée de soldats de 2 et 3ème classe. Ce rebelle s’appelle Genesis. Rien à voir avec Phil Collins, mais bel et bien le personnage mystérieux vu dans Dirge of Cerberus, ce dernier se passant 3 ans après la fin de FF VII.
Donc dès le départ, Zack va être confronté à la dur réalité de la Shinra, qui avant toute chose n’hésite pas à faire éliminer ses anciens camarades… S’enchainera alors, un apprentissage accéléré du système bien corrompu de la Shinra qui autorise beaucoup de pouvoirs aux différents directeurs qui composent cette compagnie.

C’est tout là un des points d’intérêt du scénario en compagnie de Zack, c’est que nous découvrons un personnage-clé de la série, personnage hélas très éclipsé pour une raison que vous comprendrez vite à la fin du jeu. Débutant avec un énième personnage ultra-stéréotypé sorti des différents shonens que Tetsuya Nomura a dû se gaver étant petit (même encore aujourd’hui), on apprendra à apprécier ce vaurien qui pète plus haut que son cul vers son combat libératoire qui déclenchera alors la première étape de la déchéance de la Shinra… Bref, le coup du « héros en devenir » marche ici très bien et son intérêt monte en crescendo grâce à une bonne narration des différents évènements que vit Zack…. Par ailleurs, si DoC nous semblait assez éloigné de Sephiroth & co., ce Crisis Core est tout simplement directement relié, ce qui augmente véritablement notre attachement à ce type que l’on ne connaissait directement qu’à travers une photo.

Les Héros passent à l’action

On le savait déjà, ce Crisis Core n’est pas un RPG classique mais lorgne vers le A-RPG. Si le déroulement du jeu est identique à n’importe quel autre RPG, avec « exploration » puis « combats aléatoires », cette dernière partie est bien plus dynamique et surtout directe. Les combats sont en temps réels limités par une zone de combat dans lequel nous sommes invités à choisir nos actions avec les gâchettes de la console. Et par action, nous retrouvons les classiques « attaques » et « objets ». S’ajouteront les différentes matérias d’attaque ou de magie qui seront séléctionnables en faisant défiler cette liste d’actions, nous validons notre choix, par croix. Par contre, pendant ces choix, le jeu ne s’arrête pas et c’est tout le dilemme du gameplay, il faut savoir jouer avec le timing imposé car préparer une magie prend un peu de temps… Et les ennemis ne vont pas vous attendre. Le début de jeu est donc assez frustrant et nous oblige à bourrer dans le tas, en « attaques ». Par la suite, nos réflexes et habitudes arriveront pour pouvoir enchainer attaques et magies, car pendant l’exécution d’une « attaque », nous pouvons déjà pré-sélectionner rapidement notre deuxième action. Pratique.
Le hic est qu’il faudra tout aussi rapide pour se soigner et il arrivera très souvent que vous n’ayez pas le temps de prendre vos potions, temps suffisant pour asséner le coup de grâce. C’est un petit truc qui énerve souvent car témoignant d’un manque de concentration de notre part, comme tout RPG les anticipations restent importantes, les soins en font partis.

Autre élément crucial du gameplay qui lui nous dévoile plutôt un aspect d’inachevé et de « vite fait » c’est le système OCN, qui est ni plus ni moins qu’une roulette de casino. Celle-ci s’active aléatoirement et c’est elle qui détermine, vos attaques « limits » (que tout le monde connait of course), elles définissent quelques changements d’état bénéfiques comme « invincible », « pas de pertes de MP », « équilibre », etc mais surtout elles définissent vos changement de niveaux aléatoirement, votre niveau à vous mais aussi à vos matérias. C’est un fait du gameplay assez déconcertant sur le papier et en fait il l’est réellement, mais cette roulette s’active plus ou moins en fonction de votre état émotionnel, étant donné que beaucoup de combats clés suivent une cinématique qui a mis notre héros en pétard ou en confiance, ou autre, cette roulette nous sera donc facilement bénéfique.
Plus vous rencontrez de persos clés en fonction de l’avancée de l’histoire, plus vous aurez de limites, de plus en plus puissantes. Des matérias rouges sont aussi très bien planqués dans le jeu (à un point que vous n’en aurez pas par défaut), les rouges sont évidemment les invocations, qui s’activent aussi par roulette. Qui dit invocation, dit souvent grosse attaque spectaculaire… Ce Crisis Core est le premier épisode à nous foutre des attaques de chimères en images de synthèse ! Attention les yeux, donc.

Si ce système a le mérite d’être dynamique (difficile de ne pas l’être puisqu’étant totalement en temps réel), il est aussi très décevant par rapport à ce que l’on avait connu auparavant… La gestion des matérias est désormais très très limitée et ces dernières ne sont plus dépendantes de votre équipement, qui dans le VII, permettaient d’avoir différents liants et de combinaisons aussi tordus qu’efficaces. Ici, la seule chose que nous pouvons faire est de fusionner nos matérias, il faudra faire des tests pour y arriver et apprécier (ou non) les résultats. Cela dit, cette dernière fonction est bien peu utile si vous voulez finir le jeu (facilement en plus)… A quoi sert une fonction si elle n’a pas réellement d’impact dans le jeu ? C’est un fait que nous rencontrons de plus en plus dans les RPGs contemporains (qu’on ne citera pas)… Certainement pour faciliter les joueurs lambdas.
Ensuite, il est évidemment décevant de n’avoir aucun contrôle sur nos pouvoirs, que ce soient nos limites, ou gestion d’états ou autres. Evidemment, si vous voulions avoir autant de possibilités, le jeu dynamique aurait été mis en branle… Mais une meilleure gestion de son perso n’aurait pas été du luxe. Puisqu’au final, le jeu est très très simple. Si vous voulez un conseil : il faut miser sur la défense et non sur l’attaque. Il suffit de balancez vos magies protectrices avant de combattre et ensuite il suffit de bourriner (à part quelques combats ou esquives et parades seront indispensables à l’aide des boutons carré et triangle) et tout est cuit à un point où vous serez étonné à quel point les combats finaux sont simples…
Ensuite, le jeu vous donne la possibilité de le refaire, avec votre équipement de base. Bonne occaz’ pour augmenter le niveau de difficulté et surtout finir le jeu à 100%.
Le soft est muni de nombreuses missions facultatives jouables depuis n’importe quel point de sauvegarde, rarement très excitantes puisqu’étant souvent de vulgaires combats, ces missions vous rapporteront néanmoins énormément d’items important… Il vous faudra aussi récupérer toutes les matérias rouges, histoire de profiter de Phénix, Bahamut, Ifrit, etc.
Si le premier jeu se termine très rapidement (environ 12H), vous serez peut être chaud pour vous le refaire avec cette fois le challenge d’avoir toutes les matérias, ou autres items ultra-puissant.

Spectacle héroïque

Techniquement, tout ceci est mis en forme avec beaucoup beaucoup de finesse, on échappera pas à de l’aliasing, mais reste plutôt discrète, comparé à d’autres softs. Tout le reste est surtout un travail exemplaire de modélisation sur les personnages, accompagné d’une palette très riche de textures et de couleurs nous enrôlant alors dans cette aventure sans aucune difficulté.
Les images de synthèses sont évidemment de rigueur avec une précision incroyable en reprenant le design élaboré pour Advent Children, chose qui ne plaira pas à tous mais on appréciera, qu’à part quelques scènes sous ecsta, la mise en scène est revenue dans un univers plus cohérent et rythmé avec pas mal de variété de plans et d’animations. Tout ça se laisse regarder avec délice et yeux écarquillés… Surtout quand vous êtes sur portable, en déplacement, en fait… ça calme bien.
Niveau son, idem, des thèmes ont été repris depuis FF VII, les plus forts étant les thèmes d’Aerith et Sephiroth, pour leur grand impact sonore et les émotions à la fois de tristesse pour l’un et de peur pour l’autre. Celle de Sephiroth a d’ailleurs une nouvelle introduction qui renforce son aspect original, même si elle parait plutôt coupée de la musique de base. Effectivement, ce n’est pas Uematsu qui a recomposé ces pistes musicales, ce qui n’empêche pas leurs qualités. On notera cependant plus de musiques tendance « métal », surtout lors des combats. Un fait qui semble se démocratiser chez FF, à vérifier dans la 13ème épopée.

Le doublage est d’une bonne qualité, avec une tonalité plutôt variée en fonction des personnages, mais on regrettera l’impossibilité de mettre la VO, même si, au final, l’attraction des protagonistes a toujours été plutôt visuel, chez FF VII, certainement un relent à la version muette du jeu d’origine. En revanche, les sous-titres fr sont plutôt médiocre avec une traduction très approximative. Comprendre l’anglais ne sera pas du luxe pour bien comprendre quelques tons de voix.

Ni questions… Ni réponses

Ce qui est incroyable, dans cette saga « post-FF VII » incluant AC, DoC et AC, c’est que jamais ils ne répondent à quelques questions en suspens, mais tendent surtout en rajouter en plus…
Crisis Core ne fait pas exception à la règle et on apprendra absolument rien de plus au scénario d’origine, conçernant donc Sephiroth. Le jeu ne fait que confirmer visuellement ce que l’on savait déjà en écris dans FF VII. En revanche, on pourra noter une certaine incohérence sur une question qu’avait posé FF AC qui était comment sortent ces « pseudos-clones de Sephiroth (vous savez les trois guignoles) ? » Je ne puit en dire de plus, sous peine de spoiler, mais à titre personnel, je considère que AC n’existe pas au vu de sa médiocrité global (hormis technique) qui ne fait qu’en foutre plein la vue et d’embrouiller tout le monde avec des clones à deux balles. En fait, on se doute d’où ils viennent mais une confirmation ne serait pas de trop, d’autant que ça a l’air tout con…
D’ailleurs, ce scénario est tout con. Vu la difficulté à comprendre la naissance de Jenovah, de Sephiroth, des Anciens, de Cloud, de la Shinra dans un seul jeu, un scénario aussi complexe nous aurait foutu dans la merde…

Mais ce prologue n’est pas là pour apporter des réponses… Il n’est que le témoignage du « début de la fin du monde » comme veut nous le signifier Genesis, chose qui se confirmera avec la chute du Météore, plus tard… Témoignage d’un soldat qui a réussi à garder son rêve et son honneur intact, tout en offrant une chance de renverser l’hégémonie de la Shinra, qui est finalement le vrai « monstre » de toute cette saga FF VII.
Une belle histoire, finalement bien plus optimiste que Final Fantasy VII, surtout quand on connait la fin… Mais c’est aussi la découverte d’un héros qui n’avait pas du tout la gueule de l’emploi, avouons-le.

Crisis Core n’est pas un jeu indispensable pour profiter du célèbre septième épisode mais il permettra de mieux visualiser l’histoire de Cloud… Enfin de Zack ! Et évidemment, de lui accorder plus d’importance que de simples flashbacks racontés par Cloud pendant des heures dans l’auberge de Nibelheim (souvenirs, souvenirs…). Quand au jeu en lui-même, on regrettera que le spin-off est fidèle à ses prédécesseurs : plus creux et expéditifs que le RPG-maitre… Mais reste plutôt attractif et fun, en tout cas il se laisser jouer sans problèmes, ce qui est un point positif.
On aimerait que FF VII reste sur ce très bon rappel et bon jeu… Mais on sent trop le filon et un autre spin-off, voir remake si plébiscité par une partie de joueurs, devrait voir le jour.
Verdict
+ Les plus- Les moins+ Prologue qui remplit bien sa fonction
+ Gameplay dynamique
+ Bonne rejouabilité avec bon nombre de quêtes annexes
+ Grosse qualité graphique
+ Bande-son qui fait honneur à l’original
+ Mise en scène bien rythmée et variée- Gameplay limité tout de même
– Court : 12H pour la première partie
– Scénario dispensable
– Quelques clichés « shonen » qui persistent
– Quelques temps de chargement ennuyeux
Le mot de la fin
Jeu de la PSP, se disaient-on ! Mais les temps ont changé et la PSP s’est dôté de gros blockbusters similaires entre-temps, MGS et GoW en tête. Du coup, la surprise ou la « claque » n’est pas là, si de gros espoirs avaient été misés de la sorte, ce serait un peu décevant.
Mais en étant rationnel, cet épisode est finalement un bon jeu exclusif PSP qui nous permet de vivre un très beau prologue à une histoire mémorable qu’est FF VII.
Pas indispensable néanmoins, il faudra voir Crisis Core, comme un témoignage de la vie et des actions de Zack et comprendre clairement que Sephiroth n’est pas le méchant que l’on a battu maintes fois, même si on le savait déjà.
Une mise en image du passé de Cloud, Sephiroth, Aerith et Genesis, que l’on connaissait déjà avec une grande part de mystère pour le dernier.

Tout ça re-donne envie de refaire Final Fantasy VII… Raah sont forts chez Square Enix !